La Coop des Communs à la Biennale des villes en Transition Grenoble – 16 mai 2025
Le 16 mai dernier, Matei Gheorghiu a été invité à participer au nom de la Coop des communs à une journée d’ateliers dénommée « Le pouvoir des communs » lors de la Biennale des villes en transition à Grenoble. Cette journée thématique était organisée par Xavier Perrin (Anne-Sophie Olmos (élue à la ville de Grenoble et Leila Kebir (Enseignante chercheur à l’Université de Lausanne).
La Biennale des villes en transition est « un événement festif porté par la ville pour réfléchir, apprendre, comprendre et imaginer » les transitions. Elle est structurée autour d’une série d’ateliers, stands, conférences, expositions, où se rencontrent des spécialistes, des citoyens, qui leur permettent d’évoquer les enjeux présents et futurs de nos sociétés en transition. Le vendredi 16 mai était consacré aux thèmes de l’agriculture, de l’alimentation et de l’eau, et la séquence sur « le pouvoir des communs » prenait place dans ce cadre.
La matinée a été constituée par une introduction générale de Gilda Farrel sur « le pouvoir instituant des communs » suivie par 3 tables rondes et un interlude artistique. Chacune a été l’occasion de présenter des exemples d’agir par et avec des communs dans des contextes divers et d’approfondir les problématiques afférentes.
L’introduction de Gilda Farrell s’appuyait sur une longue expérience pour rappeler et souligner la manière dont les communs ont une capacité de transformation des institutions et de création de nouveaux cadres de référence, une capacité subversive « douce » mais durable, adaptée aux enjeux d’actualité. Cette fonction instituante se caractérise par une « coopération rude » qui n’occulte pas les conflits mais en fait des occasions de progrès collectif, vise à transformer une société du loisir en société de l’engagement, et est souvent portée par des acteurs faibles qui sont des catalyseurs des valeurs instituantes (les marginaux sécants ou traducteurs si souvent évoqués lors des échanges internes à La Coop), des acteurs faibles qui aident à produire en commun des objets durables.
Lors de la première table ronde, Illane Kaczmarek et Jean-François Joye de la Chaire Valcom (partenaires de La Coop des Communs ur l’ANR RP-Reviv) ont présenté le travail de la chaire sur la valorisation des communs ancestraux (sections de communes, bourgeoisies, caylars…) et ses enjeux. Gretchen Walters et Olivier Hymas sont revenus sur l’aspect international et géographique des communs « à toutes les latitudes et sous toutes les latitudes ». Marilou Gilbert) a évoqué l’intervention du Gret dans l’accompagnement de communautés locales dans la gestion de l’eau ou des déchets via une approche par les communs et Alexandre Monnin1 a terminé la séquence en abordant la question des communs négatifs, en retraçant l’histoire du concept, la manière dont il s’en est saisi et les perspectives collectives qui peuvent être tirées de sa mobilisation.
La seconde table ronde était consacrée à des exemples d’initiatives autour de communs urbains. Dominique Nalpas a raconté comment une mobilisation autour des risques liés à la gestion de l’eau à Bruxelles a rencontré la question des communs ; Léa Canevet comment une mobilisation pour faire d’une friche à l’abandon à Marseille un jardin partagé a sauvé de sa transformation en entrepôt de stockage et doté un quartier défavorisé d’un rare espace vert de covivialité ; Maxime Zaït est revenu sur l’exemple de la création et de la croissance d’une coopérative d’occupation temporaire à Bruxelles ; Hélène Reinhard a évoqué le programme de rénovation urbaine entrepris par la précédente équipe municipale à Barcelone. Enfin, Daniela Ciaffi (Labsus et partenaire de longue date de La Coop des Communs) est revenue sur la mobilisation autour de l’occupation des espaces publics et les écoles par les enfants et leurs familles (sujet largement exposé dans l‘ouvrage collectif « Les communs de proximité » et est revenue à cette occasion sur les relations entre l’approche par les communs et les relations de pouvoir, favorisant l’horizontalité, sans occulter les difficultés théoriques et pratiques de cette approche.
L’interlude artistique a été l’occasion pour Bintou Sombié de nous livrer une réflexion sur notre rapport à l’eau, ce support commun à toutes forme de vie, sous la forme d’un conte traditionnel mandingue. L’eau, personnage principal, y livrait à la narratrice et à travers ses mots ses sentiments doux-amers sur la manière dont les hommes la (mal-)traitaient (stations de re-traitement comprises).
La dernière table ronde, animée par Leila Kebir a abordé des aspects analytiques et méthodologiques. Verena Lenna a exposé la manière dont s’est organisée une communauté bruxelloise pour se saisir des enjeux de climat et de qualité de l’air. Inès Bel Mokhtar a évoqué l’exemple d’un travail d’intervention de designers pour accompagner un petit bourg rural marqué par la présence de friches industrielles en déshérance dans sa transition. Rémy Seillier a présenté l’appel de la Société des communs à la communauté des commoners de s’unir pour s’emparer de l’appareil d’Etat en se dotant des outils appropriés pour ce faire, en s’appuyant sur le précédent de l’entreprise néo-libérale ; Hélène Reinhard est revenue sur la méthode municipaliste précédemment évoquée et sur ses résultats. Enfin Matei Gheorghiu a évoqué les problématiques de gouvernance commune ville / campagne, en s’inspirant notamment des travaux entrepris dans le cadre de La Coop des Communs, notamment dans les Groupes de travail « Forêts et communs », « Communs et collectivités territoriales », « Approche par les communs » et « Communs de proximité ».
L’ensemble de ces interventions au cours desquelles le nom et les travaux de La Coop des Communs ont été évoqués à de nombreuses reprises confirme – si le besoin l’était – que les efforts entrepris en commun sur ces sujets sont d’une importance capitale et terriblement actuelle et que l’approche par les communs est une piste féconde pour oeuvrer à une synthèse qui facilite la coordination d’un ensemble disparate d’acteurs cherchant les moyens de travailler ensemble de manière efficace.
La matinée s’est achevée dans le parc du Museum de Grenoble par une collation organisée par la Caravane des communs au cours de laquelle les discussions se sont poursuivies de manière informelle. Enfin l’après-midi était organisé en 2 moments : d’abord en des ateliers participatifs permettant d’approfondir un thème en particulier (Matei Gheorghiu a participé à celui consacré aux communs fonciers, dans lequel a été rappelé le caractère essentiel de ces dispositifs comme facteur de résilience des territoires et des liens sociaux locaux) puis s’achevant par l’Assemblée des communs.
1 Par ailleurs membre et partenaire de La Coop des Communs, comme Marilou Gilbert.